Retranscription conférence du 6/03/2023 en amphi Nord
Compte-rendu de la conférence en amphi nord : discussion et initiation autour de la question de la recherche en architecture, F.Bertrand, R.Morelli, P.Simay, E.Thibault
Cette conférence, qui était davantage un échange, une conversation entre les étudiant.e.s et les professeur.e.s, avaient pour objectif de réfléchir ensemble à la pédagogie au sein de notre école, au clivage observé entre l'enseignement de l'architecture et la réalité du métier d'architecte et à la place de l'architecte dans notre société, le rôle que l'on va jouer.
Parmi tous les thèmes évoqués, certain.e.s étaient particulièrement au centre des préoccupations des étudiants. Premièrement, la précarité étudiante. Certains se demandent si la mise en place d'une possibilité d'alternance en master ne pourraient pas pallier le manque de moyens financiers, tout en préparant les futurs diplômés à la pratique de l'architecture en agence. Certains évoquaient également des systèmes mis en œuvre dans certains pays comme la Norvège, où tous les professeurs travaillent avec plusieurs élèves formés et payés par l'école, permettant de remplacer certains cours théoriques.
Ensuite, plusieurs étudiants ont évoqué leur inquiétude face à leur incompétence à travailler en agence car trop d'écart entre les cours théoriques et la vie professionnelle. En Norvège, une fois de plus, les projets de studio sont réalisés avec de vrai.e.s client.e.s pour de vraies entreprises. Les étudiant.e.s sont donc confronté.e.s à des problématiques réelles telle que l'économie, le dialogue avec des municipalités… Cependant, cette proposition a soulevé des questionnements chez certain.e.s : la vocation des écoles d'architecture est-elle de former des architectes répondant aux attentes des agences actuelles : « faire de nous de la chaire à canon », ou au contraire, doit-elle nous fournir le bagage théorique nécessaire pour pouvoir changer le fonctionnement de ces agences qui, souvent, va à l'encontre de nos engagements écologiques et sociaux ? Doivent-elles nous apprendre à être réalistes ou à rêver ?
Pour répondre à ces questionnements et éclairer les étudiant.e.s, l'idée de créer un système d'ALUMNI, comité d'ancien.ne.s élèves, organisant des conférences avec jeunes diplômé.e.s a été évoquée. Les professeur.e.s nous ont affirmé que cela avait été fait précédemment mais arrêté suite au COVID mais qu'il serait très simple à remettre en place.
Par ailleurs, certain.e.s étudiant.e.s ont exprimé leur frustration face à l'impossibilité d'utiliser grand nombre des connaissances acquises à l'école au moment du diplôme et après. Il.elle.s expliquent notamment cela par le manque de porosité entre les enseignements, la difficulté à retranscrire les apprentissages théoriques en studio ainsi que le manque de hiérarchisation des enseignements.
Les questions financières ont également été abordées : elles sont absentes de notre enseignement et l'on nous répète que les architectes sont mal payés mais que vouloir gagner de l'argent grâce à l'architecture serait immoral, produirait de la mauvaise architecture. De plus, certains se plaignent du fait que la culture de la charrette dès la L1 nous forme à accepter d'innombrables heures de travail tout en les dévalorisant. Cela expliquerait en partie pourquoi les architectes acceptent facilement des heures supplémentaires, parfois non rémunérées.
Pour conclure, tous.tes les professeur.e.s présent.e.s ont insisté sur la richesse produite par l'échange en cours et leur intérêt pour celui-ci. Ils.elles partagent nos inquiétudes quant au monde de demain et à la place de l'architecte dans notre société. C'est pourquoi ils.elles nous suggèrent d'adopter une position critique et active, d'être acteur.rices de notre parcours scolaires, tout en nous assurant qu'ils.elles essayent aussi d'adapter leur enseignement aux enjeux actuels afin de nous préparer au mieux au monde qui nous attend.